La crise du millénaire de Dortmund

30
septembre
2021

Posté par Malilon

Posté dans Allemagne / En affiche / Etranger / Flash FS

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Certains oublient que le Borussia Dortmund du début des années 2000 a vécu une véritable crise malgré son statut de grand club allemand. Quelques années seulement après avoir été sur le toit de l’Europe, les dettes n’ont fait que s’intensifier. Cette période de turbulence a profondément marqué l’histoire des Schwarzgelben et a été l’un des principaux événements du football allemand du début du millénaire.

Une génération dorée

Lorsqu’on pense au parcours du Borussia Dortmund pendant les années 1990, il est difficile d’imaginer qu’une quelconque crise puisse pointer le bout de son nez. En effet, cette période est particulièrement bonne pour les Schwarzgelben qui remportent la Bundesliga en 1995 et en 1996. Le club parvient même à soulever la Champions League en 1997, année qui restera légendaire pour le BVB. Il s’agit d’ailleurs encore de la seule et unique fois où Dortmund a réussi à dominer l’Europe entière. Ces performances historiques sont le résultat de la rigueur et du talent de l’entraîneur de l’époque, le grand Ottmar Hitzfeld. La bonne alchimie est immédiate dès son arrivée en 1991.

En 1992, Dortmund parvient même à être dauphin du VfB Stuttgart dès la première saison du tacticien allemand sur le banc de l’équipe. Durant cette décennie, des joueurs mémorables du football allemand passent par le BVB. Les plus importants sont Lars Ricken, Michael Zorc, Stéphane Chapuisat, Jan Koller, ou le sulfureux Matthias Sammer. En 1996, ce dernier devient même le premier joueur de Dortmund à remporter le Ballon d’Or. On considère encore aujourd’hui ce groupe comme une génération dorée. C’est même durant cette période que le BVB confirme son statut de deuxième meilleur club de Bundesliga derrière le Bayern Munich.

Une crise inattendue

Face à autant de succès et un titre de champion d’Europe, il semble impensable de voir le Borussia Dortmund s’effondrer et avoir des problèmes financiers. Pourtant, c’est bien ce qui finit par arriver. Le premier coup dur est le départ d’Ottmar Hitzfeld lui-même. La destination de ce dernier étant le Bayern Munich, la nouvelle est encore plus dure à avaler. Michael Zorc et Matthias Sommer prennent leur retraite en 1998, laissant le BVB orphelin de deux de ses meilleurs joueurs. Afin de les remplacer et pour renforcer l’effectif, les dirigeants de l’époque décident d’investir beaucoup d’argent pour recruter des joueurs tels que Torsten Frings, Tomáš Rosický, Evanílson, Márcio Amoroso, Ewerthon, Victor Ikpeba, ou Sunday Oliseh.

Malheureusement, la gourmandise des dirigeants fait que l’accumulation des joueurs coûte horriblement cher. Les résultats sportifs ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées et les performances lors des compétitions européennes sont décevantes. Ainsi, d’importantes sommes d’argent ne rentrent plus dans les caisses. De plus, les lourds investissements du club ne sont plus garantis d’être rentabilisés avec les droits télévisés. Les dettes s’accumulent pour l’institution qui ne parvient plus à tenir le rythme. Sammer, devenu alors entraîneur, accepte même de baisser son salaire pour aider financièrement son club de cœur. Le stade est carrément vendu au secteur privé afin d’encaisser une certaine somme d’argent nécessaire pour éviter la faillite générale. On parle alors même d’une dette de 200 millions d’euros.

Quel rôle pour le Bayern Munich ?

Face à une crise financière aussi importante, la Bundesliga se voit elle aussi fragilisée. En effet, l’important statut du Borussia Dortmund en Allemagne fait que sa chute déstabilise le championnat local. C’est pour cette raison précise que le Bayern Munich décide d’intervenir et d’aider l’équipe rivale. Néanmoins, il existe encore aujourd’hui beaucoup de fausses idées reçues quant à cette aide. Les supporters munichois chambrent très souvent ceux de Dortmund en leur rappelant que c’est grâce au Bayern que le BVB existe encore. Même Uli Hoeneß, président historique du Bayern, a souvent tendance à parler de cet épisode. Cela fait qu’aujourd’hui, les gens pensent que le club bavarois est le grand sauveur de Dortmund. Pourtant, la vérité est bien différente.

En effet, le BVB n’emprunte que deux millions d’euros. Cela ne représente qu’une infime partie de sa dette. Cependant, le mal est fait puisque dans l’imaginaire collectif, c’est bien le Bayern qui a sauvé les Schwarzgelben. En réalité, le véritable sauveur n’est autre que Hans-Joachim Watzke, l’actuel directeur exécutif du club. En effet, l’homme d’affaires instaure à partir de 2005 une politique financière beaucoup plus cohérente. Parmi les nombreuses propositions de Watzke, on retrouve notamment le développement du centre de formation, l’achat et la revente de joueurs prometteurs, ou le rachat du Signal Iduna Park, appelé auparavant Westfalenstadion. Au bout de quelques années, Dortmund finit par sortir de cette crise et reprend son rôle de grande équipe allemande dès les années 2010.

Ismaïl H.

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