Qui est le meilleur entraîneur de Premier League : la saison d’Eddie Howe (3/21)

15
mars
2016

Posté par Anthony G.

Posté dans Angleterre / Edito / En affiche / Flash FS

0 Comments

BOURNEMOUTH
bournemouth logo

Eddie Howe

 

 

 

UN PEU D’HISTOIRE

bournemouth

 

Eddie Howe a seulement 38 ans. Et pourtant, il est déjà l’un des hommes qui a le plus marqué l’histoire de Bournemouth. Il faut dire que son lien avec le club remonte à 1995, lorsqu’il faisait ses premiers pas professionnels sous le maillot des Cherries, à l’époque en 3ème division anglaise. Après six ans au club et plus de 200 apparitions, il part pour Portsmouth.

Mais, comme un malheureux coup du sort, il se blesse pendant plus d’un an et demi. En fait, ses deux seules apparitions sous le maillot de Portsmouth se sont soldées par de nouvelles blessures. Il est ensuite prêté à son ancien club, Bournemouth, pour trois mois de fin de saison. C’est un succès. Mais le club est dans une situation financière délicate et ne peut pas racheter son ancien joueur. Alors les supporters n’hésitent pas à créer un fond pour racheter Eddie Howe. En quelques jours, £21,000 sont rassemblés et Howe revient définitivement à Bournemouth, toujours en 3ème division.

Le défenseur rejoue alors régulièrement pendant deux saisons et demi. A six mois de la fin de sa 3ème saison après son retour et à seulement 29 ans, son manager Kevin Bond lui propose de continuer à jouer en équipe première tout en entraînant l’équipe réserve du club. A la fin de cette même saison, Eddie Howe met un terme à sa carrière de joueur à cause d’une blessure au genou. Il reste entraîneur de la réserve pour un total d’un an et demi, jusqu’à ce que Kevin Bond soit limogé et que le staff entier du club soit remodelé. Il devient alors préparateur pour les équipes de jeunes.

Seulement trois mois plus tard, il prend la suite de Jimmy Quinn, limogé, d’abord en intérim puis définitivement. C’est alors que, à seulement 31 ans, il devient le manager d’une équipe professionnelle de 4ème division. Un record de jeunesse dans le football professionnel anglais. Et il a fort à faire puisque Bournemouth a reçu une pénalité de 17 points au classement. Pourtant, Eddie Howe parvient à sauver le club et à le maintenir en League Two (4ème division).

Dès la saison suivante, il impressionne avec une longue série de victoires d’entrée. Il est contacté par des clubs de Championship mais préfère rester à Bournemouth alors que le club est interdit de recrutement. Il parvient pourtant à faire monter le club en League One (3ème division). Et la première saison en League One se passe très bien, jusqu’à ce que Bournemouth se mette d’accord avec Burnley pour céder Eddie Howe au club de Championship. Il reste un an et demi à Burnley. Alors qu’il venait d’entamer sa troisième saison en présence là-bas, il quitte le club sans explications.

Et, quelques jours plus tard, il est de retour à Bournemouth. Depuis son départ, le club n’a pas bougé : ils ont perdu les play-off de montée à la fin de la saison pendant laquelle il était parti, puis ils ont terminé en milieu de tableau la saison suivante. Et, pour son retour, Eddie Howe frappe encore très fort. Alors qu’il arrive en octobre, bien après la préparation estivale, il parvient à faire monter le club en Championship dès la saison de son retour. La saison suivante, il parvient à maintenir ce petit club en Championship en décrochant une 10ème place. Et il n’a alors que 36 ans…

Vous avez maintenant une idée générale de ce que peut représenter Eddie Howe pour les supporters du club et pour les joueurs qui connaissent cette histoire récente. Et encore, je ne vous ai pas encore dévoilé le meilleur…

 

 

SUR QUOI RESTAIT LE CLUB ?

bournemouth title

 

La saison dernière, la deuxième d’affilée en Championship, les joueurs de Bournemouth n’avait pour but que de se stabiliser. Et pour cause, l’effectif du club faisait parti des moins clinquants du championnat. Le meilleur buteur de la première saison en Championship venait d’être vendu à Norwich, concurrent à la montée. Pour le remplacer, Eddie Howe recrute Callum Wilson à Coventry en League One. Et c’est un pari gagnant sur le plan individuel comme sur le plan collectif. Il devient le buteur attitré de l’équipe et inscrit 20 buts en championnat. Grâce à lui et à une attaque folle (six joueurs de Bournemouth ont marqué plus 9 buts ou plus en Championship 2014/15), les Cherries décrochent la toute première place du classement et s’assurent, pour la première fois de leur histoire, une place en 1ère division anglaise, sans même passer par les play-off. En Avril 2015, Eddie Howe a d’ailleurs été élu « manager de la décennie en Football League 2005-2015 ». Le trophée récompense le meilleur manager des 4 divisions inférieures à la Premier League.

En arrivant dans l’élite, l’objectif de Bournemouth était donc de tout faire pour y rester avec peu de moyens.

 

 

LE MERCATO

ILS ONT PRIS LA PORTE
pitman

 

Le chantier est énorme pour Eddie Howe qui doit reformer son équipe et la rendre compétitive en Premier League. Pas question de faire partir les artisans de la montée. Pourtant, lorsque Ipswich vient se renseigner sur l’un de ses attaquants-stars, Eddie Howe ne fait absolument rien pour le retenir. Le coach anglais est honnête avec son joueur : il jouera moins en Premier League qu’il ne jouait en Championship. Alors Brett Pitman, cadre lors des différentes montées (meilleur buteur du club lors des montées en League One et Champîonship) quitte Bournemouth. Il servait pourtant encore au club pour la montée en Premier League et avait inscrit 13 buts.

Beaucoup de joueurs qui ne jouaient pas en Championship sont quant à eux partis. On peut citer Ian Harte, qui a pris sa retraite, et Lee Camp, parti à Rotherham gratuitement à la fin du mercato estival, comme 6 autres joueurs.

 

 

 

LES RENFORTS
gradel

 

Contrairement à l’autre promu, Watford, Bournemouth n’a pas tenu à se renforcer à tous les postes. Les premières décisions de recrutement furent d’ailleurs prises peu de temps après la fin de saison 2014/15. Artur Boruc, prêté par Southampton lors de la dernière saison en Championship, a signé un contrat d’un an à Bournemouth après avoir été libéré par les Saints. Un autre gardien, l’australien Adam Federici, a signé le lendemain en provenance de Reading, également gratuitement. Au moins c’est clair : à Bournemouth, la concurrence n’attend pas. Pas le temps de se reposer sur les lauriers !

Et le jour d’après, un nouveau joueur arrive. Cette fois-ci, c’est l’attaquant norvégien Joshua King (plus communément appelé « Josh » King) qui arrive en provenance de Blackburn pour une somme longuement négociée autour d’un million de livres (1,3M d’€). Christian Atsu, prêté à Everton la saison dernière, est prêté à Bournemouth par Chelsea. Mais c’est sur les forces défensives qu’Eddie Howe veut concentrer les premières heures de son mercato. Fin-juin, le club bat son indemnité record en trouvant un accord de huit millions de livres (10M d’€) + le prêt du jeune Fraser pour obtenir le latéral gauche anglais de Ipswich, Tyrone Mings. Le 1er Juillet, alors que son contrat vient de se terminer à Everton, Sylvain Distin signe aussi à Bournemouth. Le but est clairement de solidifier une défense qui n’était pas le point fort du club.

Les négociations pour les joueurs offensifs ont été plus longues. C’est le 4 août que les choses se sont débloquées pour Lee Tomlin, 9 et demi, et Max-Alain Gradel, ailier. A eux deux, ils ont coûté 10 millions de livres au club (13M d’€), soit respectivement trois et sept. Et il a fallu attendre les toutes dernières minutes du mercato pour voir arriver Glenn Murray en provenance de Crystal Palace.

 

TROIS PHASES

 

En seulement huit journées de Premier League, Eddie Howe a utilisé 18 titulaires différents dans ses onzes. Peut-on le reprocher au jeune manager ? Non. Le début de saison du club a été bien mouvementé et malheureux…

 

LA MISE EN PLACE : AOÛT-SEPTEMBRE

compo bournemouth 1compo bournemouth 1 bis

 

Les bons points d’Eddie Howe

 

Comme en Championship, Bournemouth montre une force offensive importante en ce début de saison. Eddie Howe a choisi de ne pas investir dans un avant-centre pour faire confiance à Callum Wilson. Et le choix est payant. Le jeune avant-centre anglais ne met que quelques matchs à s’adapter et à ouvrir son compteur en inscrivant 5 buts en 7 matchs. Autour de lui, Ritchie et Gradel, puis Pugh, réalisent aussi une très bonne entrée en matière en Premier League, venant conforter les choix de Howe.

D’autant que Bournemouth est là où on ne l’attend pas. Contrairement à beaucoup de promus, les Cherries ne tiennent pas à rester devant leur but pour espérer la toute petite opportunité de contre pour marquer. Le duo aligné au milieu par Eddie Howe s’éloigne des profils utilisés à ces postes en Premier League. Andrew Surman ou Dan Gosling sont des joueurs qui adorent le jeu court et qui sont limités sur le plan physique. Eddie Howe le sait et il a volontairement choisi de ne pas recruter à ces postes car ce sont les profils de joueurs qu’il veut. Pour lui, pas question que les deux milieux défensifs deviennent les 5ème et 6ème défenseurs de l’équipe en cours de match. Il veut créer du jeu, à la hauteur de ses moyens, et montrer qu’il peut réussir à maintenir son club comme ça.

 

Les points noirs d’Eddie Howe

 

Seulement voilà, c’est bien beau de créer du jeu, encore faut-il avoir une bonne assurance tout-risques derrière pour limiter la casse. Et, en ce début de saison, Bournemouth ne l’avait pas du tout. Artur Boruc, le gardien polonais, peine à convaincre et montre que Southampton n’avait sans doute pas tort de se débarrasser de lui un an auparavant. En défense centrale, le capitaine Tommy Elphick se blesse après 5 matchs de Premier League. Sylvain Distin entame alors sa saison aux côtés de Cook mais les profils sont tellement similaires qu’il n’y change rien au niveau de la charnière, bonne dans la relance mais parfois dépassée dans le jeu. Un peu de mal à se mettre en place ?

Le deuxième point noir majeur est totalement indépendamment de la responsabilité d’Eddie Howe : les blessures. Quelle hécatombe pour le Petit Poucet de Premier League. Avant même le début de la saison, le club perdait Harry Arter, un cadre de l’équipe en Championship, pour trois mois. Suite à la 4ème journée, c’est Mings et Gradel, les deux recrues les plus chères qui se voient éloignées des terrains pour au moins toute la première partie de saison. Après le match suivant, le capitaine Elphick a le même verdict. Et c’est lorsqu’on se dit qu’il ne peut rien arriver de pire que le pire arrive : après 8 journées de championnat, rupture des ligaments et fin de saison pour le buteur vedette Callum Wilson !

Les résultats

 

Après un début de championnat morose, Bournemouth trouve un petit rythme, assez irrégulier mais au-dessus de la zone de relégation. Il faut dire que les Cherries sont aussi bons (ou mauvais) à l’extérieur qu’à domicile. Petit bonus : ils parviennent à passer les deux premiers tours de Coupe de la Ligue qui s’offrent à eux.

 

 

 

LA MISE EN PLACE : OCTOBRE-DÉCEMBRE

compo bournemouth 2compo bournemouth 2 bis

 

Les points noirs d’Eddie Howe

 

Le problème avec les équipes qui aiment attaquer pour compenser une défense moyenne, c’est qu’elles ont beaucoup de mal contre les grosses équipes. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles ne sont pas au niveau pour contester la possession de balle. Eddie Howe le sait, mais le manque de préparation de sa défense l’a mené à des déroutes défensives dramatiques.

D’autant qu’on a pu constater que le mercato des gardiens était raté de A à Z. Federici, comme Boruc auparavant, a montré un niveau affligeant. On peut aussi dire que Distin n’est définitivement plus dans le coup. En bref, aucune recrue défensive de Bournemouth n’a fait ses preuves. Ça fait mal.

 

Les bons points d’Eddie Howe

 

La capacité d’adaptation. Avec toutes les blessures qui tombent en même temps et les problèmes défensifs récurrents, Eddie Howe a eu beaucoup de boulot après le stage international de début-octobre. En l’absence de Gradel et Wilson, il a décidé de renoncer à son 4-4-2. Et pour cause : il n’avait plus assez de joueurs offensifs pour assurer ce système et la bonne association des profils (il aurait été idiot d’aligner King et Tomlin ensemble sur le terrain, d’ailleurs il ne l’a jamais fait).

Et il a fallu faire une place à Harry Arter, de retour de blessure. C’est clairement ce qui a permis à Howe d’imaginer ce 4-3-3 qui conserverait ses deux milieux défensifs du début de saison tout en intégrant Arter et en imposant une sentinelle devant une charnière fragile. Des arrangements tactiques logiques et judicieux sur le papier.

Déçu par Federici et Distin, Howe a décidé d’écarter les deux joueurs, quitte à remodeler entièrement sa défense (compo 2) en faisant entrer le latéral Francis dans l’axe (poste qu’il a déjà connu), décalant ainsi Cook en axe-gauche et intégrant de fait Adam Smith dans le rôle du latéral droit titulaire. Et ce chamboulement, bien qu’il n’ait pas tout arrangé, a porté ses fruits.

 

Résultats

 

Octobre et novembre furent rudes pour Bournemouth. Mais suite aux changements défensifs de Howe, les Cherries ont retrouvé des couleurs et ont pu s’extraire de la zone de rélégation. Les victoires face à Chelsea puis Manchester United début décembre ont bien sûr marquée les esprits, même si la période de boxing-day a été pauvre en points (deux en trois matchs).

 

 

 

LA MISE EN PLACE : JANVIER – MARS
compo bournemouth 3compo bournemouth 3 bis

 

Les points noirs d’Eddie Howe

 

A l’hiver, Bournemouth a cherché à se renforcer offensivement pour pallier aux blessures. Et la première rumeur a fait grand bruit puisqu’il s’agissait d’une possible venue en prêt de l’ailier paraguayen Juan Iturbe, de l’AS Roma. Un prêt coûteux (presque un million de livres) qui n’aura servi à rien puisque le joueur n’a jamais démarré un match de Premier League depuis. Pourtant, il y en a eu 11 ! Une erreur de casting de plus…

Plus inquiétant, le 4-5-1 montre encore ses limites face aux gros. D’autant que l’autre recrue hivernale, Benik Afobe, a dû mal à se retrouver dans ce système, notamment dans le jeu, isolé en pointe. Alors en plus de souffrir de problèmes défensifs persistants, voilà que les Cherries ont de plus en plus de mal à marquer des buts…

Les bons points d’Eddie Howe

Encore une fois l’adaptation. Suite au même constat que la stérilité grandissante du 4-5-1, Eddie Howe décide de revenir à son 4-4-2 du début de saison, fort de ses recrues et du retour de Max-Alain Gradel. Et ce nouveau système profite grandement à Josh King, volontairement placé plus haut que Afobe alors qu’on pourrait croire à première vue que c’est contre-nature. Mais ça marche, avec un King très mobile autour d’Afobe. Le nouveau duo prend ses marques et progresse bien.

Les résultats

 

Bournemouth est en pleine forme. Cela fait 4 matchs que le 4-4-2 a été remis en place par Eddie Howe et ses joueurs restent sur 4 matchs sans défaite (3 victoires et 1 nul). Pour la première fois de la saison, les Cherries ont même réussi à enchaîner deux matchs sans prendre de but ! Champagne !

 

 

CONCLUSION
howe

 

Avec peu de moyens, Bournemouth réussit une entrée en Premier League discrète mais efficace. Souffrant de problèmes défensifs chroniques, les Cherries montrent des limites certaines qu’il faudra rectifier pour espérer se rassurer plus vite la saison prochaine, en cas de maintien en Premier League. Même chose sur le mercato qui devra rattraper les quelques erreurs faites l’été dernier. En revanche, on peut souligner l’envie d’aller de l’avant et de marquer des buts avant tout.

 

Peut-on alors considérer que Howe puisse faire parti du Top 10 des managers de la saison en Premier League ?

 

La réponse, pour moi, est OUI. Il faut noter que Bournemouth est une équipe montée et financée pour jouer le maintien. Rien de plus. Et force est de constater que pour l’instant, le résultat est là. Malgré quelques erreurs de casting, il faut prendre en compte tous les malheurs que le club a subi avec une avalanche de longues blessures de titulaires unique en Premier League. Certains clubs, surtout des aussi petits clubs, s’effondreraient sans leurs cadres. Mais Bournemouth a tenu le coup et Eddie Howe y est pour beaucoup. Il a su gérer son équipe tactiquement et se remettre en question quand il le fallait.

 

Rendez-vous dans le 21ème article pour savoir à quelle place exacte Eddie Howe se situe !

 

 

Fabien.F

Tweet