Le bilan ukrainien de la phase de groupe
Posté par Pierre
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Lorsque la saison 2013-2014 se terminait, six clubs ukrainiens étaient qualifiés pour les compétitions européennes (ou les préliminaires) et quatre se sont qualifiés pour la phase finale. Après la phase de groupe, trois clubs ukrainiens continuent l’aventure européenne. L’heure du bilan sportif en Europe pour un pays touché par la crise depuis maintenant plus d’un an !
Chakhtar Donetsk
Depuis plusieurs années, le Chakhtar Donetsk est sans doute le club le plus régulier d’Ukraine. Il a remporté cinq fois le titre au sommet de la hiérarchie ukrainienne, et souvent, contrairement à bien d’autres pays tels que le voisin russe, avant la dernière journée. Cependant, la crise de 2013-2014 secoue le club. En effet, le quintuple champion a dut jouer tous ses derniers matchs à Kiev et devra continuer ainsi jusqu’à ce que les troubles perdent en intensité (la Donbass Arena a même été touchée par un obus !) et a connu plusieurs problèmes avec les joueurs étrangers.
Sur ces dernières années, le Chakhtar a obtenu des résultats dans l’ensemble plus qu’honorables. En 2009, il a remporté la Coupe UEFA après une saison 2008-2009 incroyable des clubs ukrainiens. Il s’en est suivi une saison 2009-2010 moyenne. En effet, le tenant du titre, qualifié pour le troisième tour préliminaire, était reversé en Ligue Europa après un barrage raté face au modeste roumain Timişoara. Le club ukrainien a ensuite fini premier de son groupe de Ligue Europa avant d’être éliminé par Fulham en seizième de finale. La saison suivante a été excellente, le Chakhtar se hissant jusqu’en quart de finale de la Ligue des champions après avoir devancé Arsenal en phase de groupe puis écarté l’AS Rome en huitièmes. Pour la saison 2011-2012, le Chakhtar était sorti dès la phase de groupe, devancé par l’APOEL Nicosie, le Zénit Saint-Pétersbourg et le FC Porto. En 2012-2013, le Chakhtar éliminait Chelsea en phase de groupe de la Ligue des champions avant de tomber face à Dortmund en huitièmes. 2012-2013 marquait une relative déception, Donetsk étant reversé en Ligue Europa par Manchester United et le Bayer Leverkusen puis éliminé par le Viktoria Plzeň.
Versé dans le groupe du FC Porto, de l’Athletic Bilbao et du BATE Borisov, le Chakhtar faisait office de favori et a tenu son rang. Il commençait par ramener un plutôt bon match nul en Espagne (0-0). Recevant le FC Porto, le Chakhtar menait de deux buts à quelques minutes de la fin du match, mais Porto égalisait miraculeusement dans le temps additionnel (2-2). Un scénario cruel pour le Chakhtar mais qui gardait toutes ses chances de qualification. Le match suivant était un déplacement en Biélorussie sur la pelouse du BATE Borisov qui avait tout du piège par excellence. Le Chakhtar ne se sera pas fait avoir comme l’Athletic Bilbao. Il mettait son adversaire en état de grâce au bout de quarante minutes pour s’imposer très largement (7-0). Au cours de ce match, le Chakhtar a fait tomber plusieurs records. Cette victoire est la co-plus large victoire à l’extérieur de l’histoire de la Ligue des Champions avec le succès de l’OM à Žilina en novembre 2010. Le Chakhtar Donetsk était devenu la première équipe à marquer six buts en une mi-temps d’un match de Ligue des champions. L’avant-centre Luiz Adriano égalait le record établi par Lionel Messi face au Bayer Leverkusen en mars 2012 en inscrivant cinq buts (dont deux sur penalty) durant ce match. Luiz Adriano était devenu le premier joueur dans l’histoire de la Ligue des Champions à marquer quatre fois en une mi-temps. Ce match était toutefois marqué par l’arrestation contestée de plusieurs supporters ukrainiens sur ordre du pouvoir en place, célèbre pour être considéré comme le dernier du genre en Europe. Au match retour, le Chakhtar remportait une nouvelle victoire aisée face aux Biélorusses (5-0) où Luiz Adriano n’inscrivait « que » trois buts, suffisant pour faire de lui le meilleur buteur de la compétition avec neuf buts au compteur. Hôte d’un Athletic Bilbao à la peine ces derniers temps, Donetsk perdait à domicile malgré une domination plutôt nette et laissait échapper la première place tout en obtenant sa qualification au bénéfice du résultat de l’autre match. Le nul cherché à Porto et concédé sur la fin comme à l’aller clôturait une phase de groupe plutôt réussie.
Le Chakhtar a hôté les doutes qui planaient sur lui en raison de la crise au pays. Qualifié pour les huitièmes de finale, il a déjà réussi sa compétition et a égalé voire dépassé plusieurs records. Donetsk peut toutefois avoir quelques regrets. En effet, ses deux matchs face à Porto auraient pu être remportés et n’ont été concédés qu’en toute fin de match. S’il avait obtenu deux victoires, il aurait fini en tête de groupe, une place qui aurait été plus qu’accessible au vu de la prestation et du scénario des rencontres.
Pour les huitièmes de finale, le Chakhtar n’a pas été garni au tirage au sort. On réalise l’énorme avantage que représentait la première place du groupe. Au lieu d’affronter le FC Bâle contre qui le FC Porto a été tiré, le Chakhtar va devoir faire face au Bayern Munich ! Un miracle, c’est ce qu’il faudrait pour que le Chakhtar continue l’aventure européenne face à l’un des meilleurs clubs du Vieux Continent ! Il n’aura toutefois rien à perdre à tenter le coup à fond !
Dnipro Dnipropetrovsk
Puissance montante du football ukrainien depuis plusieurs années, le Dnipro Dnipropetrovsk est parvenu à se hisser à la deuxième place du classement ukrainien en 2013-2014 et à obtenir une qualification historique pour les préliminaires de la Ligue des champions qu’il n’a plus disputé depuis la chute de l’Union soviétique. Il convient de noter que si un club ukrainien a gagné dans la crise ukrainienne, il s’agit bien du Dnipro. Son nouveau propriétaire étant un pro-européen, l’accession du gouvernement provisoire au pouvoir a permis au Dnipro de ne pas s’effondrer à l’instar du Metalist Kharkov. Toutefois, le meilleur joueur du club, l’ailier Yevgen Konoplyanka, joue ce qui sera probablement sa dernière saison à Dnipropetrovsk. Le club a donc tout intérêt à profiter au maximum de ses services
Sur les dernières saisons, le Dnipro Dnipropetrovsk a fait preuve de régularité sur la scène européenne. Il est resté sur deux éliminations en seizièmes de finale de la Ligue Europa. En 2010-2011 et 2011-2012, le Dnipro a calé deux fois au stade des barrages face au Lech Poznań puis Fulham. La saison suivante a été la bonne. Dnipropetrovsk a éliminé le Slovan Liberec pour se qualifier à la phase de groupe de la Ligue Europa. Lors de celle-ci, le club a réalisé d’excellents résultat, finissant en première place de groupe et devançant le SSC Naples, le PSV Eindhoven et l’AIK Solna. Malgré cette première place, le Dnipro n’est pas allé plus loin, éliminé par le FC Bâle en seizièmes. Il a calé encore au stade des seizièmes un an plus tard lorsqu’il s’est facilement extrait deuxième d’un groupe comprenant la Fiorentina, le Paços Ferreira et Pandurii, puis lorsqu’il s’est fait sortir de la compétition face à Tottenham en fin de match.
Pour 2014-2015, le Dnipro avait l’occasion de se qualifier pour la Ligue des champions. C’est raté. Le Dnipro Dnipropetrovsk n’était pas tête de série et tombait face au FC Copenhague, concédant le nul malgré une domination remarquée au match aller puis perdant à l’extérieur (0-0 ;0-2). Il devait alors jouer les barrages de la Ligue Europa où il était versé contre l’Hajduk Split avec cette fois-ci un statut de tête de série. Une victoire à domicile (2-1) suivie d’un nul à l’extérieur qualifiait le Dnipro. En phase de groupe, les Ukrainiens héritaient d’un groupe plutôt relevé avec l’Inter Milan, l’AS Saint-Étienne et le Qarabağ Ağdam et leur parcours commençait plutôt mal. Il commençait par une défaite à domicile contre l’Inter Milan (0-1), puis un nul sur la pelouse de l’AS Saint-Étienne (0-0). Ces résultats laissaient des regrets. Bien que dominés, les Ukrainiens ne s’inclinaient contre les Italiens qu’en fin de match et manquaient un penalty contre les Français, grillant au moins trois points précieux en deux matchs voire cinq. D’autant plus que la troisième journée tourne à l’humiliation. Alors que le Dnipro avait besoin de se relancer, celui-ci s’inclinait à domicile contre Qarabağ (0-1). La qualification paraissait dès lors très compromise. Pourtant le Dnipro s’imposait au retour en Azerbaïdjan et prenait l’avantage sur Qarabağ à la différence de but particulière et se relançait totalement (2-1). La journée suivante, les Ukrainiens se déplaçaient en Italie pour un match périlleux. Ils ouvraient pourtant le score au quart d’heure de jeu et obtenaient un penalty à la demi-heure, mais Konoplyanka le manquait et ce raté était suivi d’un but italien. L’Inter Milan remportait la victoire en deuxième période (1-2). Une défaite au goût amer, la victoire ayant été largement accessible. Pour se qualifier à la dernière journée, le Dnipro devait battre Saint-Étienne, invaincu jusqu’ici, et espérer une non-victoire de Qarabağ contre l’Inter. Mission accomplie pour le Dnipro avec la manière sur un score ne reflétant pas vraiment l’emprise ukrainienne (1-0). En revanche, il a bien failli se retrouver éliminé, Qarabağ se voyant injustement refuser le but de la victoire face à l’Inter.
Dans une poule plutôt relevée, le Dnipro a fait correctement son travail malgré plusieurs déconvenues telles que celle à domicile contre Qarabağ et les deux défaites contre l’Inter Milan qui auraient pu se finir sur un autre score. Même le déplacement en France aurait pu se finir mieux, mais l’essentiel est là. Le Dnipro est qualifié pour les seizièmes de finale pour la troisième fois consécutive.
Qualifié pour la troisième fois consécutive, le Dnipro a également en tête qu’il reste sur deux échecs à ce stade lors des deux précédentes saisons. Le tirage lui a donné ce coup-ci l’Olympiakos. Ce n’est pas un tirage facile, les Grecs ayant été sortis sans démériter d’un groupe relevé en Ligue des champions avec l’Atlético de Madrid et la Juventus. Le Dnipro Dnipropetrovsk peut toutefois prétendre à une qualification et briser la malédiction.
Metalist Kharkov
Début 2014, le Metalist Kharkov était considéré comme une valeur sûre du championnat ukrainien. Outsider très crédible de première ligue ukrainienne, le Metalist avait même terminé vice-champion en 2013 et viré en tête de classement durant toute la première partie de la saison 2013-2014 avec une grosse série d’invincibilité de février 2013 à novembre 2013. Mais si les observateurs veulent se rendre compte des dégâts causés sur le football ukrainien par la situation politique en Ukraine, ils n’auront qu’à voir les performances du Metalist, ses changements d’effectifs, les innombrables difficultés rencontrées depuis début 2014, ainsi que la baisse plus que frappante des résultats. En effet, le Metalist est réellement le grand perdant des évènements actuels en Ukraine.
Pourtant, le Metalist a réalisé d’excellentes performances européennes ces dernières années. En 2008-2009, le Metalist a éliminé Beşiktaş en barrages, puis terminé premier du groupe devant Hertha, Galatasaray, l’Olympiakos et Benfica avant de se hisser jusqu’en quarts de finale où il a été battu par un autre club ukrainien le Dynamo Kiev après avoir éliminé en seizièmes la Sampdoria de Gênes. 2009-2010 était un creux au milieu aux vagues, le Metalist éliminant Rijeka au troisième tour préliminaire puis étant éliminé en barrages par le Sturm Graz. De 2010 à 2013, Kharkov ne s’arrêtait plus d’aller au moins jusqu’en seizième de finale, battant successivement l’Omonia Nicosie, le PSV Eindhoven, la Sampdoria de Gênes et le Debrecen VSC avant d’être éliminé en seizièmes par le Bayer Leverkusen en 2010-2011, puis Sochaux, l’AZ Alkmaar, le Malmö FF, l’Austria Vienne, le Reb Bull Salzbourg, l’Olympiakos avant d’être sorti en quarts par le Sporting CP en 2011-2012, et finalement le Dinamo Bucarest, le Bayer Leverkusen Rosenorg et le Rapid Vienne avant de se faire éliminer par Newcastle United en 2012-2013. C’est donc une régularité extrême qui permet de caractériser le Metalist. Lorsque la saison s’est terminée, le Metalist a fini deuxième du championnat, obtenant une qualification historique pour les éliminatoires de la Ligue des champions. Il a éliminé le PAOK puis été tiré contre Schalke. Malheureusement pour les Ukrainiens, l’UEFA les disqualifie à cause d’un match truqué contre le Karpaty Lviv en février… 2008 !
La deuxième partie de la saison 2013-2014 était marqué par la fuite du président du club, pris de plein fouet par les sanctions européennes. Le Metalist a alors connu une série de difficultés, symbolisées par les salaires non payés des joueurs et le départ des principaux cadres de l’équipe. Grâce à une première partie de saison parfaite avant cela où il tenait la première place, le Metalist est néanmoins parvenu à finir troisième en 2013-2014. Il devait donc disputer les barrages de la Ligue Europa. Il rencontrait les modestes Polonais du Ruch Chorzów, mais obtenait sa qualification en prolongations sur penalty avec une difficulté extrême (0-0 ; 1-0). Tête de série au tirage au sort, le Metalist héritait de Trabzonspor, du Legia Varsovie et du KSC Lokeren. La saison a tourné au cauchemar. Kharkov a perdu la totalité de ses rencontres en alignant par ailleurs une équipe composée de joueurs moyens ukrainiens, finissant à la dernière place du groupe avec 0 point ! Ces résultats sont révélateurs de la perte d’attractivité du club ! La première rencontre était l’accueil de Trabzonspor. Le Metalist encaissait le but fatal à la dernière minute de jeu (1-2). Deux défaites contre Lokeren (0-1) et le Legia Varsovie (0-1) suivaient. Lors du déplacement en Pologne, le Metalist ouvrait le score d’un magnifique but, mais perdait finalement la rencontre (1-2). Il encaissait une défaite supplémentaire en Turquie avec deux buts turcs dans les trois dernières minutes (1-3). Kharkov achevait sa saison catastrophique par une dernière défaite à domicile contre Lokeren (0-1).
Tout est à rejeter, il n’y a rien à retenir de positif cette saison si ce n’est le beau but inscrit contre le Legia. Le Metalist doit oublier cette saison pour ne pas dire qu’il doit presque repartir de zéro. Secoué par la crise ukrainienne, cette saison a été révélatrice des difficultés financières et sportives du club. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on peut leur souhaiter bon courage pour se reconstruire !
Dynamo Kiev
Véritable légende du football soviétique puis ukrainien, le Dynamo Kiev était sur le plan national dans une sorte de creux. Le club aux treize titres de champions d’Ukraine post-soviétique ne remportait plus de titre après 2009. Il finissait trois fois deuxième, puis troisième et finalement quatrième en 2014.
Pourtant, sur le plan européen, les résultats sont plus qu’honorables. Le Dynamo n’a plus manqué de compétitions européennes depuis… 1990 ! En 2008-2009, il a atteint les demi-finales finissant troisième de son groupe en Ligue des champions avec Arsenal, Porto et Fenerbahçe, puis en éliminant successivement Valence, le Metalist Kharkov et le Paris Saint-Germain. Son parcours s’est arrêté face au Chakhtar Donetsk. La saison suivante, il a fini dernier du groupe du FC Barcelone, de l’Inter Milan et du Rubin Kazan. En 2010-2011, le Dynamo a échoué à se qualifier pour la Ligue des champions face à l’Ajax Amsterdam, mais est parvenu à fuseler jusqu’en quarts de finale après s’être défait du BATE Borisov, de l’AZ Alkmaar, du Sheriff Tiraspol, de l’Aris Salonique et de Manchester City, puis avoir été battu aux buts à l’extérieur par le Sporting Braga. La saison 2011-2012 a été décevante, le Dynamo ne parvenant pas à sortir du groupe de Beşiktaş, Stock City et du Maccabi Tel Aviv en Ligue Europa. En 2012-2013, les Ukrainiens ont fini troisième de leur groupe de Ligue des champions composé du Paris Saint-Germain, du FC Porto et du Dinamo Zagreb. Reversés en Ligue Europa, ils ont été éliminés dès les seizièmes de finale par Bordeaux. Un an plus tard, Le Dynamo s’est qualifié pour la Ligue Europa en éliminant Atkobe en barrages, puis a franchi la phase de groupe en battant le Rapid Vienne et le FC Thoune, mais aussi en concédant la première place au KRC Genk. Il a été éliminé ensuite par Valence.
En tant que vainqueur de la Coupe d’Ukraine, le Dynamo Kiev était directement qualifié pour la phase de poules de la Ligue Europa. Tête de série, il héritait d’un tirage abordable avec les Roumains du Steaua Bucarest, les Portugais du Rio Ave et les Danois d’Aalborg. Le Dynamo, bien mené par Yarmolenko, Belhanda et Kravets commençait par deux victoires faciles au Portugal contre le Rio Ave (3-0) et à domicile contre le Steaua Bucarest (3-1). Il semblait alors difficile d’imaginer le Dynamo céder sa première place. C’est à ce moment que survenait l’incroyable accident d’Aalborg, le Dynamo craquant complètement contre ce qui était supposé être la plus faible équipe d’Europe qualifiée en terme de coefficient UEFA (0-3). Fort heureusement, il s’imposait au retour (2-0) et continuait sa marche triomphale sur le Rio Ave (2-0) et le Steaua Bucarest (2-0).
Le Dynamo Kiev a réalisé une phase de poule parfaite nonobstant l’accident d’Aalborg, symbole d’un retour au sommet en Ukraine, le club de la capitale étant l’actuel leader du championnat après avoir fini troisième puis quatrième les saisons précédentes. La grande star du club et plus généralement d’Ukraine, Andriy Yarmolenko, a régalé. Cependant, ce que le Dynamo Kiev a réalisé n’a rien d’un exploit, le club ukrainien ayant été le favori numéro un de la poule. Il lui faudra viser plus loin pour réellement s’affirmer.
Au tirage au sort, le Dynamo Kiev a hérité, comme tous les Français le savent, de l’En Avant de Guingamp. C’est un tirage favorable face à un club débutant en Europe. Cela ne garantit pourtant aucunement un passage facile. Guingamp adore les surprises. Les petits nouveaux Européens français ont créé la surprise en phase de poule en battant deux fois puis éliminant l’actuel leader de Grèce, le PAOK Salonique. Il convient de rappeler également qu’en Ligue 1, les Bretons ont battu le Paris Saint-Germain. De plus, les clubs français n’ont plus réussi au Dynamo Kiev depuis la large victoire obtenue en 2009 face au PSG.
Tchernomorets Odessa
Sixième puis cinquième du championnat ukrainien, le Tchernomorets Odessa au passé glorieux au début des années 90 semblait reprendre de sa splendeur passée, mais à l’image du Metalist Kharkov, le Tchernomorets éprouve de grosses difficultés depuis plusieurs mois en raison de la crise ukrainienne. Avec le Metalist, il est l’autre symbole marquant des difficultés relatives aux troubles politiques.
Malgré quelques apparitions furtives dans les années 90, et vers la fin des années 2000, la saison la plus réussie du club ukrainien en Europe est de loin la saison 2013-2014. Le Tchernomorets a commencé sa saison européenne au deuxième tour préliminaire de la Ligue Europa. Confronté au modeste Dacia Chișinău, le Tchernomorets s’imposait de justesse, laissant présager une sortie rapide dans l’avenir. Pourtant, les Ukrainiens se sont qualifiés pour la phase de groupe en battant, toujours de justesse, l’Étoile Rouge de Belgrade, puis les Albanais du Skënderbeu Korçë après une longue séance de penalty. Le Tchernomorets était donc une sorte de survivant, réussissant systématiquement à se sortir d’une situation compromise. En phase de poule, Odessa s’est qualifié encore de justesse en s’imposant sur la pelouse du PSV Eindhoven à la dernière journée derrière le Ludogorets Razgrad mais devant ce même PSV Eindhoven et le Dinamo Zagreb. En seizièmes de finale, le Tchernomorets Odessa a rencontré l’Olympique lyonnais et s’est incliné d’un but en toute fin de match à la deuxième rencontres en terre française. C’est avec l’ambition de confirmer cette saison prometteuse que le Tchernomorets abordait l’Europe, mais à cause la crise au pays, il perdait plusieurs joueurs étrangers dont le Franco-Ivoirien Franck Dja Djédjé.
Cinquième d’Ukraine la saison dernière, le Tchernomorets n’est pas parvenu à confirmer les promesses d’une bonne saison 2013-2014. Entré au troisième tour préliminaire, il rencontrait la route des Croates du RNK Split. Le match aller était catastrophique. Face à un club pourtant abordable, le Tchernomorets commençait à craquer dès la première demi-heure. Il encaissait un but dès la vingt-cinquième minute. Obligé de réagir à la mi-temps, la rentrée des vestiaires n’était pas moins catastrophique. Les Ukrainiens concédaient un deuxième but trois minutes après le coup de sifflet et subissaient les assauts croates. C’était en toute logique que le club ukrainien repartait de Croatie avec un déficit de deux buts. Au match retour, malgré le retard, le Tchernomorets était en pleine panne offensive et c’est le plus logiquement du monde que le match se finissait sur un score vierge (0-0).
L’aventure est donc terminée pour Odessa, passé furtivement et tristement en Europe. Le club ne dispose plus du tout des mêmes moyens qu’en 2013-2014 et au vu de la façon dont la saison s’est engagée en championnat ukrainien, il faudrait un miracle pour voir le Tchernomorets retrouver l’Europe la saison prochaine. Tout comme le Metalist, il faudra tout reconstruire !
Zarya Lougansk
On pourrait croire que ce club localisé à Lougansk, ville située en plein territoire séparatiste d’Ukraine (pour ne pas dire dans l’état auto-proclamé de Nouvelle Russie) ayant subi et continuant de subir les combats entre pro-Européens et pro-Russes, pourrait avoir été frappé de plein fouet. Ce n’est pas l’impression qui ressort de la courte saison européenne du Zarya.
Le Zarya Lougansk a une histoire européenne quasi-vierge. Ce club de l’Est de l’Ukraine n’a joué qu’une seule saison européenne durant l’ère soviétique. Durant la saison 1973-1974, il a éliminé l’APOEL Nicosie au premier tour avant d’être éliminé au deuxième tour par le club tchèque du Spartak Trnava. Sur le plan national, le Zarya a même connu la D3 ukrainienne de 1998 à 2003 avant de retrouver la D1 en 2005. Le Zarya Lougansk bénéficiait de l’exclusion de toutes compétitions européennes du Metalurg Donetsk pendant 3 ans, accusé de contrevenir aux règles de fair-play financier, pour être qualifié aux tours préliminaires en prenant le sixième billet qualificatif malgré sa septième place. Il était le dernier club à bénéficier d’une qualification avec cette place. En effet, à l’image du voisin russe, l’Ukraine s’est vue purement et simplement retirer une place européenne (huitième au classement UEFA). Le pays au panier d’osier enverra à partir de 2015 un contingent de cinq équipes et non pas six.
Pour la dernière fois qu’un club ukrainien disputait le deuxième tour préliminaire de la Ligue Europa, le Zarya Lougansk profitait au maximum de la double rencontre. Opposé au KF Laçi, Lougansk ne faisait qu’une bouchée de son adversaire en terre albanaise (3-0) et s’imposait également à domicile au match retour (2-1). Au troisième tour préliminaire, le Zarya était confronté aux Norvégiens du Molde FK. Recevant d’abord à domicile, il concédait le match nul (1-1), résultat défavorable en vue de la qualification. Malgré tout, le Zarya se qualifiait au match retour au terme d’une fin de rencontre complètement folle où Molde ratait deux penalties et marquait contre son camp. En barrages, Lougansk se mesurait au Feyenoord Rotterdam. Commençant par recevoir son adversaire à domicile, les Ukrainiens de l’Est frôlaient l’exploit en ouvrant le score mais les Néerlandais égalisaient (1-1). Aux Pays-Bas, le Feyenoord ouvrait le score, puis doublait et triplait la mise. La messe semblait alors dite. Contre toute attente, le Zarya réalisait un retour incroyable et inscrivait trois buts pour égaliser ! Malheureusement, l’exploit leur passait sous le nez lorsque Feyenoord arrachait la qualification dans le temps additionnel (3-4).
Le Zarya Lougansk a été tout près de se qualifier pour la phase de groupe et a montré qu’il était capable de renverser des situations compromises. Bien qu’il puisse regretter sa non qualification, il convient de rappeler que ce club n’avait pas vocation à jouer l’Europe. Basé en zone de guerre, le Zarya Lougansk aura joué le coup à fond et n’a pas rougir de sa prestation. Correctement classé cette saison en championnat ukrainien, le Zarya peut toujours prétendre aux places européennes.
Bilan d’ensemble
À l’issue de la phase de groupe, l’Ukraine laisse une meilleure impression que la Russie bien que le coefficient UEFA soit plus bas. La plupart des clubs ont tenu leur rang. Le Chakhtar Donetsk, bien qu’il aurait pu obtenir la première place, s’est qualifié pour la phase à élimination directe de la Ligue des champions (ce que les Russes, en supériorité numérique, n’ont pas fait, particulièrement le Zénit qui était bien placé). Le Dynamo Kiev a survolé son groupe à un match près avec cinq victoires et une défaite. Le Dnipro Dnipropetrovsk aurait pu obtenir mieux et a eu beaucoup de difficultés à sortir de son groupe au contraire de la saison dernière. Concrétiser les deux penalties manqués contre l’AS Saint-Étienne et l’Inter Milan aurait permis vraisemblablement au Dnipro de récupérer cinq points, en faire perdre trois à l’Inter, et prendre la première place, d’autant plus que le Celtic Glasgow de cette saison que l’Inter Milan a tiré est un tirage bien plus abordable que l’Olympiakos. Le Zarya Lougansk a réalisé tout son possible pour se qualifier aux compétitions européennes et aura sans doute régalé ses supporters, bien que leur billet leur ait échappé à quelques minutes près. En revanche, le Metalist Kharkov et le Tchernomorets Odessa ont confirmé leur déclin. C’est un véritable champ de ruine qu’il va falloir reconstruire du côté de ces deux clubs. Du point de vue du coefficient UEFA, c’est en revanche mal embarqué pour espérer concurrencer la Russie, la France et le Portugal qui ont une avance considérable, et dans le même temps, les Pays-Bas, en déclin sur ces dernières années, ont été non seulement distancés, mais vont perdre en plus de nombreux points glanés des saisons passées sans être parvenus à les renouveler. L’Ukraine devrait donc durablement rester à sa place, la huitième du classement UEFA.
Pyotr B.