Le bilan ukrainien des seizièmes de finale

Dnipro Dnipropetrovsk – Olympiakos
Qualifié très difficilement pour les seizièmes de finale, le Dnipro Dnipropetrovsk voyait le club grec de l’Olympiakos se dresser sur son chemin. Un tirage pas aisé contre un club éliminé sans démériter d’un groupe relevé de la Ligue des champions. Pour un club qui a calé deux fois de suite à ce stade de la compétition lors des deux précédentes éditions de la Ligue Europa, briser la malédiction et se qualifier pour la première fois aux huitièmes de finale restait naturellement l’objectif.
L’Olympiakos est un habitué de la Ligue des champions. Il y a un an, ce club s’était qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions et était passé très près d’éliminer Manchester United. Durant l’automne dernier, il est parvenu à battre l’Atlético de Madrid et la Juventus sur son terrain au Pirée. Un club compétitif, superpuissance du football grec, tombeur de nombreux grands clubs, face à cette cylindrée, le Dnipro Dnipropetrovsk n’était qu’outsider, d’autant plus que, contrairement aux prévisions initiales, il devait jouer à Kiev donc pas réellement à domicile.
Victoire obligatoire ! Pour espérer, il était nécessaire de remporter ce match. Mission accomplie avec la manière ! Auteur d’une excellente prestation face à des Grecs peu visibles et dépassés qui n’ont pas tenu les promesses affichées lors des récentes prestigieuses victoires, le Dnipro a entièrement dominé l’ensemble du match et a fait très mal au Pirée. Dès les premières minutes, le Dnipro fonçait vers l’avant, mais durant la première mi-temps l’Olympiakos tenait bon avec un bloc plutôt bien regroupé, mais à part deux tirs cadrés contraignant Boyko à l’arrêt, il ne se montrait pas dangereux. Le Dnipro mettait la pression mais manquait de tranchant devant le but. Il fallait attendre la deuxième mi-temps pour voir l’échéance. La seconde période repartait sur les mêmes bases que la première, le Dnipro pressant haut l’Olympiakos. Après une série de passes, Kankava, pourtant loin du but, tirait. Sa frappe rentrait dans les cages au raz du poteau, impossible pour le gardien de contrer ! Le Dnipro menait alors. Quatre minute plus tard, c’était Rotan qui doublait la mise d’un excellent coup-franc, tiré de façon très technique et vicieuse dans un angle pourtant fermé. Par la suite, l’Olympiakos tentait timidement de revenir dans le match, mais Dnipropetrovsk continuait de se créer les meilleures occasions et manquait même deux énormes opportunités. L’arbitre sifflait la fin du match après une ultime opportunité grecque, un but refusé pour hors-jeu, confirmant une belle victoire ukrainienne qui montrait la voie d’un premier huitième de finale.
Fort d’une belle avance, le Dnipro se déplaçait en Grèce avec une certaine marge d’avance mais restait sous la menace d’une remontada en cas de but rapide de l’Olympiakos. La rencontre débutait mal avec un but grec au bout de seulement un quart d’heure de jeu. La lenteur de la défense centrale permettait en effet à Mitroglou d’ouvrir le score sur une accélération. Il ne restait alors plus qu’un seul but d’écart et on commençait déjà à douter du Dnipro. Pourtant, la réaction ne se fait pas attendre. Sur un coup franc très bien tiré de Rotan, Fedetski recevait de la tête et propulsait vers le but le ballon. Le gardien s’interposait mais Fedetski le renvoyait de la tête cette fois-ci dans les cages. Dès lors, le Dnipro était quasiment qualifié et on voyait mal comment l’Olympiakos pouvait remonter un déficit de trois buts et les choses se confirmaient davantage lorsque pour un croche-patte, les Grecs étaient réduits à dix. Fedortchouk manquait une énorme occasion de donner l’avantage au Dnipro sur ce deuxième match. En fin de rencontre, dans le temps additionnel, un croche-patte de Fedetski provoquait un penalty que l’Olympiakos concrétisait, mais le Dnipro allait réagir immédiatement avant le coup de sifflet final. Sur une énorme bourde défensive de l’Olympiakos, Kalinic, complètement esseulé devant le gardien à plusieurs mètres du dernier défenseur, recevait le ballon en provenance d’un Grec comme par magie et ne se privait pas pour battre le gardien et marquer. Le Dnipro obtenait ainsi une qualification historique pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa.
Pourtant pas gagnée d’avance, le Dnipro Dnipropetrovsk aura maîtrisé de bout en bout cette double confrontation et gagné une qualification entièrement méritée pour les huitièmes de finale, une première dans l’histoire du club. La compétition est assurément réussie pour le Dnipro, cependant, il y a le moyen d’obtenir encore mieux.
En effet, non seulement le Dnipro est toujours en course, mais surtout le tirage au sort s’est montré clément envers les Ukrainiens. En huitième de finale, ce sera face à l’Ajax Amsterdam que le Dnipro ira continuer son épopée. C’est un adversaire largement abordable à défaut d’être facile, bien que celui-ci ait étrillé le Legia Varsovie en Pologne. Cette équipe, loin derrière le PSV en Eredivisie, semble sur le déclin après s’être offert plusieurs titres de champion au niveau national. Si les qualités affichées par le Dnipro contre l’Olympiakos réapparaissent, il y a de grandes possibilités pour une qualification. Cependant, le Dnipro ne part pas non plus réellement favori. L’Ajax reste un club célèbre dans le monde entier, mais celui de ces dernières années semble prenable.
EA Guingamp – Dynamo Kiev
Qualifié sans trembler en dominant son groupe, le Dynamo Kiev, très en forme cette saison sur le plan national après un creux de plusieurs années, a fait dans l’ensemble honneur à son statut en phase de groupe. Sans réellement trembler, il s’est qualifié en première place d’un groupe, il est vrai, pas extrêmement relevé. Cependant, le Dynamo, comme tous les clubs ukrainiens, est maudit depuis deux ans au stade des seizièmes de finales après deux véritables hécatombes ukrainiennes.
L’adversaire du Dynamo, Guingamp, était un adversaire accessible sur le papier. Cependant, deux statistiques importantes parlaient en faveur des Guingampais. Tout d’abord, l’EA était un spécialiste des surprises, lui qui avait battu deux fois et éliminé le leader de Grèce, le PAOK Salonique, et était également venu à bout notamment du PSG en Ligue 1. Ensuite, sur ces dernières années, le Dynamo Kiev avait bien réussi aux clubs français avant la double confrontation. Toutefois, l’objectif restait le même : victoire au match aller et au match retour.
Si Guingamp était le premier à aller de l’avant, le Dynamo Kiev prenait rapidement le contrôle du match comme attendu et Miguel Veloso ouvrait le score. Yarmolenko faisait quand à lui très mal aux défenseurs bretons. Malgré une action litigieuse en surface ukrainienne où Guingamp ne bénéficiait pas d’un penalty, Kiev semblait avoir la main mise sur le match. Difficile d’imaginer alors le Dynamo laisser échapper la victoire et on pense déjà à une qualification aisée. Ce ne sera pas le cas. En effet, les mauvais gestes viendront lourdement pénaliser les Ukrainiens de façon complètement évitable. Sidortchouk se retrouvait à terre mais le jeu continuait. Yarmolenko l’arrêtait alors par un croche-patte volontaire sur le détenteur du ballon. Une très mauvaise action qui vallait au meilleur joueur de l’équipe d’être exclu et pourtant ce n’était pas fini. Yarmolenko sortait donc sur expulsion en compagnie de Sidortchouk, blessé. Pour remplacer Sidortchouk, Belhanda faisait son entrée, mais deux minutes après son apparition, il était expulsé pour un nouveau crochet ! Ces deux expulsions changeaient complètement le match. Guingamp dominait et croyait en ses chances. Le Dynamo Kiev résistait notamment grâce à un bon Chovkovski dans les cages, mais il finissait par craquer en deux minutes durant la deuxième mi-temps. Cette défaite ne mettait pas le Dynamo dans les meilleures dispositions à l’approche du match retour et cette défaite, il la devait principalement à deux expulsions bêtes et évitables.
Obligé d’inverser la tendance, le Dynamo Kiev aurait pu à nouveau se trouver réduit à dix lorsque Rybalka frappait en plein visage un Guingampais par un pied haut. L’arbitre sanctionnait ce geste d’un généreux carton jaune. Le Dynamo Kiev prenait ensuite la possession, mais en moins de 10 minutes, les Ukrainiens se retrouvaient privés de Miguel Veloso, blessé. Son remplaçant, le Polonais Teodorczyk se montrait décisif et ouvrait le score sur un corner tiré par Goussev, qualifiant virtuellement le Dynamo. Toutefois, Guingamp continuait de se battre et était tout proche d’égaliser cinq minutes avant la pause mais Chovkovski était vigilent. Au retour des vestiaires, le très jeune Bouïalski creusait l’écart pour le Dynamo Kiev. Teodorczyk était tout près d’inscrire son doublé mais un défenseur guingampais déviait de justesse son tir. Mais la détermination de Guingamp, toujours capable bien que dominé, allait payer. Malgré la présence d’un hors-jeu sur l’action, il réduisait le score et pouvait y croire. Toutefois, l’arbitre sifflait le penalty pour Kiev moins de dix minutes plus tard que Goussev se chargeait de transformer. Après ce but suivait un moment de chaos entraînant une interruption d’environ dix minutes, des supporters du Dynamo chargeant la zone guingampaise, forçant les Français venus à quitter le stade. Alors que les joueurs ukrainiens tentaient de calmer leurs supporters, les joueur guingampais rentraient au vestiaire, mais le match pouvait reprendre après cet épisode. Il ne se passait pratiquement rien dans les dernières minutes et le Dynamo Kiev obtenait non sans mal sa qualification face à une équipe de Guingamp vaillante mais dominée dans la plupart des secteurs de jeu.
Supérieur dans quasiment tous les compartiments de jeu, le Dynamo Kiev s’est qualifié, brise une double malédiction et se qualifie pour les huitièmes de finale non sans avoir connu de difficulté. Il existe toutefois un gros point noir dans cette double confrontation. L’image extérieure du Dynamo Kiev s’est dégradée à la suite de plusieurs événements à commencer par les deux mauvais gestes de Yarmolenko et Belhanda au match aller mais plus encore la mauvaise attitude d’un important groupe de supporters envers ceux de Guingamp qui garderont très certainement un bien mauvais souvenir de l’Ukraine.
Le tirage au sort des huitièmes de finale a versé le Dynamo Kiev contre Everton. C’est un tirage plutôt difficile, mais la perspective d’un match retour peut jouer en faveur des Ukrainiens et Everton réalise une mauvaise saison sur le plan national. Toutefois, sa dynamique est tout autre en Europe. Le Dynamo Kiev peut prétendre à une qualification mais il ne sera pas favori.
Bilan général
Le bilan général pour les clubs ukrainiens au stade des seizièmes de finale est l’exact opposé de celui des deux saisons dernières. Il y a deux ans, pour trois participants à ce stade, il y avait eu trois éliminés. Il y a un an, pour quatre participants à ce stade, il y avait eu quatre éliminés. Cette année, pour deux participants, il y a eu deux qualifiés. Ces résultats ne peuvent qu’être encourageants pour l’avenir incertain d’un football ukrainien en proie à d’innombrables difficultés dans un contexte de guerre. Cependant, sur le plan du coefficient UEFA de la saison, il reste quelques points à grignoter pour dépasser la Belgique sur cette saison et s’assurer de rester durablement devant elle et les autres concurrents en dessous au classement général. Pour la Grèce, c’est terminé, les Pays-Bas perdent du terrain, la Turquie aussi, pas grand chose à signaler dans les premiers poursuivants de l’Ukraine au classement UEFA. Quant à la Russie, à la France et au Portugal, ils sont trop loin devant pour espérer les rattraper. Il faudrait une suite de saison miraculeuse ou une sur les saisons à venir pour que ce soit le cas.
Pyotr B.