Qui est le meilleur entraîneur de Premier League : la saison d’Alan Pardew (5/21)

SUR QUOI LE CLUB RESTAIT
La saison 2014/15 ne fut pas de tout repos pour Palace. A la mi-saison, les Eagles étaient forcés de changer de coach pour orchestrer le retour discuté d’Alan Pardew, attendu pour sauver le club d’une relégation se faisant de plus en plus menaçante. Et l’effet fut immédiat. Dès le premier match du manager anglais, le club londonien sortait de la zone rouge et n’y est plus jamais revenu. Palace termine 10ème de Premier League grâce à une deuxième partie de saison de bon niveau : 10 victoires, 1 nul et 7 défaites.
L’objectif de la saison, c’était de continuer sur cette lancée et d’éviter des frayeurs près de la zone de relégation.
LE MERCATO ESTIVAL
ILS ONT PRIS LA PORTE

Il est de notoriété publique qu’Alan Pardew aime les larges effectifs et les jeunes. Il était donc inconcevable pour lui d’organiser le départ d’une grosse partie de ses troupes. Peu de joueurs ont pris la porte l’été dernier à Palace.
La saison dernière, Alan Pardew n’était pas satisfait des avants-centre. Alors qu’il avait écarté Yaya Sanogo pour donner plus de temps de jeu à Glenn Murray, les deux sont partis : Sanogo de retour à Arsenal en fin de prêt, et Murray vendu à Bournemouth au grand dam d’une grande partie des supporters de Palace. Shola Ameobi part aussi, mais Pardew garde Campbell et Chamakh, principalement blessés pendant la seconde partie de saison. Seul Gayle n’a pas réussi à être vendu à temps.
LES RENFORTS

En venant à Crystal Palace, Alan Pardew voulait des garanties. Notamment sur les investissements que pouvait faire le club sur le marché des transferts. Et il en a eu, assez pour lui permettre de réinvestir sur son ancien joueur, Yohan Cabaye, qui arrive en provenance du PSG. Et comme Alan Pardew a un goût prononcé pour la Ligue 1, l’ancien stéphanois Bakary Sako rejoint aussi Palace, libre.
Dans l’espoir de mieux protéger ses buts, Pardew va chercher Alex McCarthy, le deuxième gardien de Queens Park Rangers, au potentiel qu’il trouve intéressant. Et pour remplacer les avants-centre partis, Pardew tente de frapper fort en posant près de huit millions de livres sur Connor Wickham, de Sunderland. Il obtient également le prêt du jeune Patrick Bamford en provenance de Chelsea.
DEUX PHASES
LA MISE EN PLACE : AOÛT – DECEMBRE

Les bons points d’Alan Pardew
Le point fort de Palace sur la première partie de saison, c’est l’équilibre entre défense et attaque. Le recrutement de Cabaye s’est fait ressentir et a transformé le jeu de Palace qui était principalement un jeu de contre la saison dernière et qui prend de plus en plus la forme d’un jeu plus posé et construit au cours de la première partie de cette saison, même si le profil des joueurs offensifs n’est pas idéal pour ça.
En plus d’être plus équilibré dans le jeu, le onze de Crystal Palace est dominateur dans les airs. Les grands gabarits de Delaney, Wickham ou Dann permettent d’avoir une réelle force sur les coups de pied arrêtés, notamment. Cette saison, Crystal Palace a marqué 16 buts sur coup de pied arrêté, soit le deuxième plus grand total du championnat (derrière Tottenham et loin devant Manchester City). D’autant que Palace aime de plus en plus imposer un combat physique à ses adversaires grâce à un bloc défensif composé de joueurs qui aiment le duel et à des attaquants rapides et dribbleurs, difficiles à arrêter proprement.
Les points noirs d’Alan Pardew
Alan Pardew a mal géré son mercato des gardiens. Alors qu’il ne semblait pas assez satisfait par Speroni pour ne pas recruter de concurrent, voilà qu’il est parti chercher Alex McCarthy. L’anglais a été titulaire en début de championnat, pendant la blessure de Speroni, et a enchaîné les bourdes. Et alors que Speroni revenait de blessure, Alan Pardew a préféré écarter McCarthy et aligner Hennessey, le gardien de la sélection galloise et ancienne doublure de Speroni. Mais le résultat n’est pas bien meilleur. Les deux gardiens préférés par Pardew n’ont pas convaincu, et pourtant il n’a jamais redonné sa chance à Julian Speroni qui montrait pourtant un bon niveau la saison dernière, ou du moins un bien meilleur niveau que McCarthy et Hennessey cette saison.
Malgré le recrutement coûteux de Wickham et l’arrivée de Sako, Palace peine à se créer beaucoup d’occasions et à marquer des buts. Ce qui est très problématique quand on pense au problème de gardien. Au début de la saison, Pardew disait lui-même qu’il se fichait de prendre des buts tant que son équipe en marquait plus que l’adversaire. Le problème, c’est que les résultats contre les gros en pâtissent largement. Si Palace n’est pas capable d’être efficace et qu’en plus le gardien n’est pas à la hauteur, comment espérait gagner des matchs ? Il semble qu’Alan Pardew n’ait pas prévu que la juxtaposition de ces deux problèmes provoque une incapacité totale à faire des hold-up. En première partie de saison, Crystal Palace a perdu 6 matchs : Arsenal, Manchester City, Tottenham, West Ham, Leicester et Sunderland. A l’exception des Black Cats, je pense qu’on peut cibler le problème face aux grosses équipes. Peut-être qu’avec un peu plus d’efficacité offensive, Palace aurait pu décrocher des matchs nuls ou même des victoires.
Et ce problème d’efficacité vient de l’avant-centre (parfois Wickham, parfois Gayle) mais aussi et surtout des milieux offensifs au potentiel intéressant mais à l’individualisme criant. Zaha, Bolasie ou Sako aiment avoir le ballon et l’emmener au but eux-même alors il y a beaucoup de déchets dans l’animation offensive de Palace. Mais Pardew ne fait rien pour l’empêcher puisqu’il n’a prévu aucune solution de remplacement fiable à ses milieux offensifs. C’est assez fou de voir que, dans l’effectif de Palace, au-delà de Puncheon, les seuls milieux offensifs disponibles sont Zaha, Bolasie et Sako, trois profils similaires, et un joueur coréen, Chung-Yong Lee, qui a été l’une des toutes premières recrues de Pardew à son arrivée en janvier 2015 mais dont on cherche encore les qualités précises. Cinq milieux offensifs purs dans un effectif, c’est déjà limite, mais si en plus trois d’entre eux sont des copies conformes et le quatrième est une imposture…
Les résultats
Crystal Palace réalise une première partie de saison de très bon niveau. Malgré le changement de jeu progressif, les Eagles gardent une bonne force de contre qui leur permet d’être d’ailleurs meilleurs à l’extérieur qu’à domicile.
LA MISE EN PLACE : JANVIER – MARS
Les points noirs d’Alan Pardew
Pas de composition pour cette deuxième mise en place. Tout simplement parce qu’il est impossible d’en définir une. Alors, oui, on peut parler de certaines blessures mal tombées (Bolasie et Wickham à la mi-saison pendant quelques matchs) et à McArthur qui a terminé sa saison début février sur une grave blessure. Mais Crystal Palace s’enfonce depuis fin décembre. Le passage en 4-3-3, sensé rassurer défensivement, ne fonctionne pas du tout et faire perdre tous les automatismes entre les joueurs.
Tout ça pour quoi ? Pour donner plus d’importance au poste d’avant-centre, d’abord occupé par Campbell, Wickham ou Chamakh, puis par la recrue Emmanuel Adebayor qui peine à convaincre. Pourtant l’intention était bonne car il fallait trouver un nouvel avant-centre confirmé. Mais il semble que Pardew n’ait pas souhaité constater le problème des ailiers personnels qui fait que, quelque soit l’avant-centre, Palace ne peut pas se créer beaucoup d’occasions collectives.
D’autant que les problèmes de gardiens sont toujours là et que personne n’est arrivé à l’hiver. Pire encore : Speroni n’a toujours pas joué la moindre minute de la saison alors que Hennessey devient ridicule. Lors du dernier match de Premier League, Alan Pardew a enlevé Hennessey pour remettre McCarthy, le raté de l’été dernier… Et Speroni n’est pourtant pas blessé. De qui se moque-t-on ?
Les résultats
Ce début d’année 2016 pour Crystal Palace est catastrophique. Les Eagles n’ont toujours pas gagné le moindre match de Premier League. Certes, ils iront en demi-finale de FA Cup, mais ils n’ont affronté aucun club de Premier League pour en arriver là.
CONCLUSION

L’année civile 2015 pour Crystal Palace a été excellente. Alan Pardew a su garder la bonne forme de la deuxième partie de saison 2014/15 tout en progressant dans le jeu. Cependant, tout part en éclat depuis le début de l’année 2016. Palace se bat désormais pour ne pas tomber dans la zone de relégation et est la risée de la Premier League, la faute à une forme épouvantable. Un mercato incomplet de la part de Pardew et une incohérence entre ses profils de milieux offensifs et le jeu qu’il veut mettre en place le pénalisent fortement.
Peut-on alors considérer que Pardew puisse faire parti du Top 10 des managers de la saison en Premier League ?
La réponse, pour moi, est non.
Fabien.F