Qui est le meilleur entraîneur de Premier League : la saison de José Mourinho et Guus Hiddink (4/21)

CHELSEA

José Mourinho / Guus Hiddink
SUR QUOI LE CLUB RESTAIT
Les conditions étaient optimales à l’aube de cette saison 2015/16. Chelsea vient d’être sacré champion d’Angleterre. Les Blues ont brillé par leur régularité mais aussi par le tout petit effectif qui n’a pas empêché le club de faire de bonnes performances en championnat. Ils ont aussi pu se vanter de leur victoire en Coupe de la Ligue face à Tottenham, malgré les échecs précipités en Ligue des Champions et en FA Cup.
L’objectif en championnat, c’était la stabilité et l’augmentation du niveau de jeu.
LE MERCATO ESTIVAL
ILS ONT PRIS LA PORTE

Difficile de quitter un club qui vient d’être sacré dans son championnat. Mais ce mercato a révélé les précédentes erreurs de José Mourinho dans son recrutement. A commencer par la plus récente et flagrante : Juan Cuadrado. Arrivé en janvier 2015, il n’a pratiquement pas eu sa chance et n’a pas trouvé sa place dans les plans de José Mourinho. Il est reparti en prêt. Mais le coach portugais a eu d’autres problèmes et dans le même secteur : il a dû reprêter Mohamed Salah, l’égyptien. Mourinho a un réel problème de turnover avec ses offensifs et il ne peut pas les retenir s’il ne leur donne pas de temps de jeu…
Le problème se pose aussi en défense. Si Mourinho a le mérite d’utiliser peu de joueurs, ça lui joue des tours avec des remplaçants qui se sentent inutiles et partent. Comme Filipe Luis qui, un an après être arrivé, est déjà reparti à l’Atlético Madrid. Pour la défense du manager portugais, on notera aussi que même quand il se force à laisser un peu de temps de jeu à son deuxième gardien, celui-ci veut partir. Ainsi, Cech quitta Chelsea pour Arsenal. Mourinho aurait-il pu le retenir ? Sans doute pas. Il a choisi Courtois et Cech n’aurait jamais accepté un poste de numéro 2, à Chelsea comme ailleurs.
LES RENFORTS

Malgré les échecs Salah et Cuadrado, Mourinho ne semble pas désespérer à l’idée de trouver un ailier qui puisse faire bouger la hiérarchie. Et il a cette fois-ci la bonne idée de taper plus fort encore pour trouver la perle rare : Pedro arrive de Barcelone. En revanche, lorsqu’il s’agit de remplacer Filipe Luis, Mourinho tente encore un pari sur un jeune assez cher avec l’arrivée de Baba Rahman. L’échec de Salah, recruté dans la même idée de recruter des étrangers assez jeunes, ne semble pas refroidir le coach portugais.
Pour remplacer Cech, Mourinho fait un très bon coup en recrutant le gardien de Stoke City, Asmir Begovic, en fin de contrat. C’est une véritable prouesse de la part du manager d’avoir trouver un gardien de cette qualité qui accepte d’être une simple doublure. En revanche, lorsqu’il s’agit de trouver un nouveau concurrent à Diego Costa, Mourinho tombe dans le piège des agents en acceptant de récupérer Falcao en prêt. D’autant que l’opération est coûteuse : plus de 5 millions de livres pour 10 mois de service !
DEUX PHASES
MISE EN PLACE : JOSE MOURINHO

Les points noirs de José Mourinho
La première saison fut la saison des fondations. La seconde fut celle du triomphe… Et la troisième ? Est-ce que José Mourinho a vraiment préparé l’après-titre ? On peut se demander s’il n’a pas sous-estimé la capacité d’adaptation des autres clubs qui, cette saison, ont vu arriver Chelsea avec pratiquement le même onze et la même tactique que la saison dernière. Vous appelez ça de la stabilité ? J’appelle ça de la naïveté. Comment se baser sur un système pour une nouvelle saison sous prétexte qu’il a permis de remporter le titre une seule fois ?
Car, ce qu’il n’avait sans doute pas prévu, c’est bien la suffisance de ses joueurs. Le début de championnat est catastrophique de la part de Chelsea, notamment sur le plan défensif : Ivanovic et Terry se perdent et montrent un visage étonnant. Et c’est d’autant plus surprenant que, match après match, on ne sent pas d’envie de se relancer de la part des deux joueurs et aussi de la majorité de leurs coéquipiers. Mais les deux défenseurs sont des responsables directs du désastre défensif de Chelsea.
Matic n’est plus à son niveau, Hazard est muet,… Les troupes sont au plus bas mentalement. Tous les ajustements tactiques de Mourinho sont vains tant son groupe le lâche peu à peu. Et on se demande bien comment l’effondrement de Chelsea a pu être aussi brutal. Comment les joueurs ont pu lâcher leur coach ensemble…
Et le problème, c’est que José Mourinho n’a pas réellement étoffé son effectif à des postes-clés. Chez les milieux défensifs, il n’y a eu aucune recrue. Dans l’effectif, seuls trois milieux défensifs sont favorisés par Mourinho : Matic, Fabregas et Ramires. Or, seul Matic est un véritable milieu défensif, récupérateur de profil. Fabregas est faux-relayeur, replacé par Mourinho et laissé là pour éviter de troubler un peu plus la concurrence entre Willian et Oscar pour le poste de numéro 10. Et Ramires est peut-être relayeur, mais certainement pas dans un 4-2-3-1 étant donné son profil, beaucoup plus adapté à un 4-3-3 et à un jeu de contre. Or, Chelsea ne peut plus jouer le contre sans défense digne de ce nom.
Cette saison, Chelsea était aussi sensé s’ouvrir sur la jeunesse. C’était d’ailleurs l’une des principales explications du mercato incomplet : « les jeunes sont là »… Mais, à la manière des moins jeunes Obi Mikel ou Djilobodji, les jeunes n’ont pas vraiment eu les faveurs de Mourinho. Pourquoi ? Parce que le cercle vicieux fait son travail : l’équipe coule. Quand une équipe coule, on ne lance pas de jeunes. Mais quand nos principales potentielles forces sur le banc sont des jeunes, notamment au milieu et en pointe, la problématique devient immense.
Les bons points de José Mourinho
Si si, il y a des bons points dans la saison de José Mourinho. Il faut les chercher, c’est clair, mais on peut les trouver. Enfin, on peut en trouver un. A commencer par le rayonnement immense de Willian. Paradoxalement, Chelsea n’a jamais été aussi mauvais depuis que Willian est au club, mais lui n’avait jamais été aussi bon sur le plan individuel ! Que vient faire Mourinho là-dedans ? Il a maintenu sa confiance en Willian malgré le recrutement de Pedro qui menaçait directement le temps de jeu du brésilien.
Les résultats
C’est une catastrophe pour Chelsea. Cancres du championnat en défense, les Blues n’ont jamais été capables d’enchaîner deux victoires. Trois victoires en 16 journées ont scellé le sort de José Mourinho à la tête de cette équipe.
MISE EN PLACE : GUUS HIDDINK

Les bons points de Guus Hiddink
Guus Hiddink a tout de suite cibler le problème de Chelsea : la défense. Il a fait le choix que Mourinho n’a jamais voulu (changements intempestifs) ou n’a jamais pu (blessures ponctuelles) faire en choisissant une charnière centrale fixe : Zouma (puis Cahill, sur blessure) et Terry. Et puisque le fait d’aligner un défenseur en fin de course et un jeune limité ensemble ne suffirait pas, Guus Hiddink assure le coup en inventant un duo Obi Mikel, qui commence pratiquement sa saison avec l’arrivée de Hiddink, et Matic. Ce sont ces deux hommes qui couvrent la défense comme elle ne l’avait plus été depuis des mois. D’autant que la formation de ce duo permet à Fabregas d’éviter de toujours rester à un poste plus défensif qui ne lui va pas.
Le coach néerlandais est allé doucement avec ses hommes. Le temps pressait, mais il a tenu à installer un bon bloc défensif et un quadrillage parfait du terrain pour rassurer son équipe en grand manque de confiance. Ce n’est que peu à peu, après plusieurs matchs d’adaptation, que Chelsea a commencé à sortir plus souvent, à construire plus longuement et à tenter de rassurer les joueurs offensifs, eux aussi en plein mal-être.
Comment ne pas parler des jeunes sous Guus Hiddink. En seulement deux mois et demi, l’ancien sélectionneur des Pays-Bas a déjà montré du neuf au public de Stamford Bridge. Il l’avait promis à son arrivée et il est en train de tenir promesse. Certes, aucun jeune n’est déjà devenu un titulaire régulier, mais du temps de jeu dans des matchs importants est distribué à des jeunes joueurs comme Kenedy (déjà légèrement utilisé par Mourinho) et surtout Bertrand Traoré qui supplée désormais Diego Costa.
Les points noirs de Guus Hiddink
Beaucoup d’interrogations autour du mercato hivernal et de l’idée qu’en avait Guus Hiddink. Il sait bien sûr qu’il n’est qu’un intérimaire, mais comment a-t-il pu prendre le risque de laisser partir Ramires sans recruter le moindre remplaçant ? La moindre blessure au milieu et Chelsea ne pourra plus avoir aucun milieu de terrain expérimenté sur son banc, récupérateurs et relayeurs confondus. Et que dire de Pato ? Que pensait Hiddink en allant chercher un joueur qu était parti s’exiler chez lui, au Brésil, il y a déjà trois ans ? Depuis son arrivée, le brésilien enchaîne les absences sur blessure… Pas prêt pour un retour au football européen en pleine saison ?
Les résultats
On pourrait presque parler de magicien. Depuis l’arrivée de Guus Hiddink, Chelsea n’a plus perdu le moindre match en Premier League. Les Blues marquent plus de buts et en encaissent moins. Le déclic psychologique s’est produit, c’est une certitude, et le travail tactique a pu en découler…
CONCLUSION : MOURINHO

Difficile de trouver d’autre mot que « désastreuse » pour juger la performance de Mourinho cette saison. Il a détruit ce qu’il avait mis deux ans à reconstruire, et au final, on ne comprend pas bien comment il a réussi ce qui ressemble bel et bien à un exploit tant Chelsea était puissant la saison dernière et tant le club a connu peu de gros bouleversements l’été dernier.
Peut-on alors considérer que Mourinho puisse faire parti du Top 10 des managers de la saison en Premier League ?
La réponse, pour moi, est non.
CONCLUSION : HIDDINK

En un rien de temps, Guus Hiddink a transformé la nouvelle risée de la Premier League en l’équipe qui réalise une série d’invincibilité digne d’un futur européen. Le coach néerlandais a su ramener la paix au club, dans le vestiaire et sur le terrain. Pour autant, on peut se demander si son travail profitera réellement à son successeur tant le mercato hivernal fut étrange.
Peut-on alors considérer que Hiddink puisse faire parti du Top 10 des managers de la saison en Premier League ?
La réponse, pour moi, est OUI. En seulement deux mois et demi, le néerlandais a fait taire les détracteurs et a montré que sa mauvaise aventure au Pays-Bas n’avait définitivement pas mis un terme à sa carrière d’entraîneur. Il s’impose ici comme le meilleur entraîneur-remplaçant de la saison et a sa place dans le Top 10 complet.
Fabien.F