La Merveille Noire

04
mai
2018

Posté par El Pibe de Oreo

Posté dans En affiche / Etranger

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Bien avant Pelé et Eusebio, un joueur de couleur marqua l’histoire du football mondial grâce à ses prestations exceptionnelles. Et le public parisien ne s’y trompa pas lorsque lors des JO de 1924 il surnomma José Leandro Andrade “la merveille noire”. Patron du milieu de terrain de la meilleure sélection uruguayenne de l’histoire (1923-1930), Andrade était à la fois un joueur au physique bien au-dessus des standards footballistiques d’alors, élégant et un redoutable récupérateur. Le joueur légendaire conquît  six trophées avec la Celeste dont la première Coupe du Monde.

 

Andrade est né en 1901 à Salto, la ville de Suárez et Cavani, d’une mère argentine et d’un père brésilien. Il se raconte que ce dernier avait 98 ans à la naissance de José Leandro et en plus de pratiquer la magie africaine avait vécu comme esclave au Brésil avant de s’échapper. Plus sérieusement, dans sa jeunesse, la future merveille noire déménagea à Montevideo pour vivre avec sa tante où il commença à travailler comme cireur de chaussure et vendeur de journaux. En grandissant, il se passionna pour la musique et pratiqua le fameux candombe, ces percussions qui rythment le carnaval uruguayen. Ungoût pour la fête qui ne le quittera jamais.

 

Très fort physiquement, il se mis au foot en intégrant le club de Misiones qu’il quitta rapidement pour passer professionnel au Bella Vista. Sa force, son activité sur le terrain et sa technique en firent un titulaire indiscutable et l’envoyèrent en sélection à l’âge de 22 ans. Aux côtés de son coéquipier de club José Nasazzi, autre star de l’époque, il glanera son premier titre en gagnant la Copa América en 1923. Un an plus tard, ultra dominateurs sur la scène continentale, les uruguayen débarquèrent à Paris avec une seule ambition. Remporter l’or Olympique.

 

À la conquête de l’Europe

 

Lors du plus important tournoi au monde, l’Europe découvrit et pu admirer le football uruguayen mais surtout José Leandro Andrade. Et pas seulement sur le terrain. Car si la sélection de la République Orientale d’Uruguay balayait littéralement tout sur son passage avec son joueur vedette virevoltant, ce dernier profita de son séjour pour enflammer les nuits parisiennes. Il avait pour habitude de déserter l’hôtel de sa sélection afin profiter de sa vie de bohème. En un rien de temps, il devint l’attraction des cabarets où ses talents de danseurs conquièrent les plus belles femmes de Paris ,dont Joséphine Baker. Parfois, ses coéquipiers devaient eux même aller le chercher dans des apartements de luxe pour qu’il rejoigne la concentration.

 

Les uruguayens gagnèrent l’or et retournèrent à Montevideo attendu par une foule encore jamais vue par là-bas. Andrade était devenu un véritble héros et continua sa carrière au Nacional ainsi qu’au Peñarol, tout en menant une vie faite d’excès. En 1928, lors des JO d’Amsterdam où les uruguayens décrocheront leur second or, la Merveille Noire se cogna la tête sur un poteau de but. Ce fait marquera le début de sa décadence. Blessé à un oeil, sa vue déclinera petit à petit. Ça ne l’empêchera pas de gagner le premier Mondial en 1930 mais son influence sur le terrain ne sera plus la même.

 

Après la Coupe du Monde, il défendra les couleur s d’Atlanta et Lanús en Argentine, de Wanderers de Montevideo et prendra as retraite à Argentinos Juniors. À partir de cet instant, n’étant plus capable de maintenir son train de vie, il se ruina et sombra définitivement dans l’alcoolisme. Il retourna vivre dans le quartier populaire de Palermo, au même moment où ses ex-coéquipiers réussirent leur reconversion. En 1956, un journaliste allemand, Fritz Hack, se mit à la recherche d’Andrade. Après avoir passé six jours à le chercher, il le retrouva vivant dans un sous-sol, complètement alcoolisé et presque aveugle. Un an plus tard, à 56 ans, celui qui émerveilla le tout Paris en 1924 en dansant le tango avec ses adversaires et Joséphine Baker, mourut dans un simple hôpital spécialisé en maladies pulmonaires. En sa possession, il n’avait plus qu’une paire de chaussure et une boite dans laquelle se trouvaient  quelques médailles.

 

José Leandro Andrade fut la première star du football international. Avec trois de ses coéquipiers et Pelé, il fait parti du club très fermé des joueurs ayant gagné trois Mondial (la FIFA reconnait les JO 1924 et 1928 comme titres mondiaux). Malgré ça, seule une plaque placée au Centenario honore aujourd’hui sa mémoire. Et si au final, son plus bel hommage ne fut ce surnom de Merveille Noire, qu’il reçut après avoir mis la ville lumière à ses pieds grâce à son talent et son charisme ?

 

El Pibe de Oreo

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