Real Madrid : L’après Decima
Posté par Anthony G.
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Parce que les lendemains de soirée sont toujours difficiles, parce que repartir de plus belle après avoir atteint les sommets est forcément compliqué, la saison post-Decima ne sera pas continuellement toute rose pour le club madrilène, champion d’Europe en titre. Si les Merengues ont réussi leur entrée en Ligue des Champions grâce à un net succès à domicile contre les suisses de Bâle (5-1), leur entame de championnat est des plus décevantes et les troupes de Carlo Ancelotti pointent (déjà) à six longueurs du leader catalan. Analyse.
La Decima de tous les records
Si la saison passée a vu l’Atlético Madrid être sacré champion d’Espagne, au nez et à la barbe des deux autres géants espagnols, c’est bel et bien le Real Madrid de Florentino Perez qui a marqué de son empreinte le football européen. En allant chercher un dixième titre dans la plus prestigieuse des compétitions continentales, le club ibérique a réaffirmé sa position de club le plus titré du Vieux Continent. 12 ans après sa dernière victoire en Ligue des Champions (2002), le Real Madrid a redoré un blason bien pâle depuis une décennie. En s’appuyant sur un Cristiano Ronaldo auteur de 17 buts dans la compétition sur la saison 2013-2014, soit un record, et sur un Carlo Ancelotti qui a maintenant remporté trois fois ce trophée, les merengues se sont adjugés le Graal au terme d’un match épique qui a vu Sergio Ramos égaliser au bout du bout du temps additionnel. L’ennemi colchoneros s’est alors effondré au cours d’une prolongation cauchemardesque qui a vu les pensionnaires de Bernabéu humilier les hommes de Simeone (4-1). Cette incroyable soirée semble pourtant déjà bien lointaine.
L’Espagne et la déroute brésilienne
Auréolés d’un titre supplémentaire dans leur palmarès, les internationaux espagnols du Real sont donc partis au Brésil la fleur au fusil. Prêts à défendre leur titre et à terminer la saison en beauté. Trois matchs et une déroute plus tard, la sélection ibérique rentrait déjà au pays avec l’arrière-goût amer d’une humiliation hollandaise. Voilà qui n’a pas été sans laisser de traces sur certains cadres de l’équipe nationale, justement piliers du club madrilène. C’est certainement pour « San » Iker Casillas que la pilule a le plus de mal à passer. Ouvertement critiqué au pays après un mondial loupé dans les grandes largeurs, le retour a la maison fut des plus compliqués. Celui qui fut l’un des voire le meilleur gardien au monde a perdu de sa superbe. Bien que titularisé dans les buts madridista en ce début de saison, la concurrence de la recrue Navas est de plus en plus dure à supporter, sans parler des sifflets du public de Bernabéu à son encontre. Pour Ramos également, la reprise est poussive. Pilier d’une défense qui a encaissé quatre buts contre la Sociedad lors de la seconde journée de championnat, où est passé celui qui est censé être l’un des meilleurs défenseurs centraux du monde ? Cet été noir pour l’Espagne et ses internationaux est forcément un élément à prendre en compte dans cette histoire. L’arrière-garde madrilène ne gagnerait-elle pas à laisser sa chance à l’actuel gardien numéro 2, Keylor Navas ?
La Ronaldo dépendance ?
Comment parler des maux du Real Madrid sans aborder ce sujet ? 31 août dernier à San Sebastián. Il est un peu plus de 22h45, et la Real Sociedad vient d’infliger une rouste au Real Madrid : 4-2. Pourtant menés 2-0 après 11 buts de jeu et des buts de Ramos et Bale, les Basques vont réaliser une magnifique « remontada » devant une équipe visiteuse impuissante et privée de sa principale star. Ronaldo est à bout. Gêné par un genou récalcitrant depuis des mois, le Portugais ne peut plus forcer. Après une Coupe du Monde manquée et une élimination dès la phase de groupe, le Ballon d’Or accuse le coup. Peu avant le Mondial brésilien, il n’était même pas certain que la tendinite rotulienne de son genou gauche lui permette de disputer la compétition. Mais c’était sans compter le désir de victoire de l’ex-mancunien. A-t-il (trop) forcé ? Aurait-il dû préférer sa santé à un Mondial ? Personne ne peut blâmer le compétiteur hors-paire qu’est Ronaldo, mais les conséquences s’en font sentir. Bien présent lors de la seconde défaite du Real en championnat (après seulement trois journées), il n’a pu qu’égaliser sur pénalty avant de voir l’Atlético s’imposer à Bernabéu. Agacé, son état physique laisse place aux questions. Et sans lui, le Real peut-il jouer comme à son habitude ?
Contre la Sociedad, c’est la recrue monégasque James Rodriguez qui a prit place sur l’aile gauche habituellement occupée par Ronaldo. Et c’est le jeune Isco qui a remplacé le colombien dans le milieu à trois avec Modric et Kroos, autre recrue de l’été. Pour un résultat final que l’on connait. Hier soir face à Bâle, le joueur portugais état bien là. Un but et une passe décisive pour une probante victoire 5 buts à 1. Et son genou n’a pas semblé le titiller. Sur son banc, l’Italien devait prier.
Y a-t-il un milieu défensif dans l’avion ?
Dernier point d’interrogation de cette analyse, et il n’est pas des moindres. Le système de jeu madrilène est-il le plus adapté à son effectif ? La fin du mercato a vu Xabi Alonso s’envoler vers le Bayern Munich. Début septembre, l’allemand Khedira s’est blessé pour de longues semaines. Dans un même temps, le colombien James Rodriguez, révélation du mondial, et le champion du monde en titre Toni Kroos, pilier à Munich, ont débarqué dans la capitale espagnole. Si Di Maria s’est envolé du côté de Manchester United, les milieux offensifs sont toujours légion au sein de l’effectif du club. Quid des milieux défensifs ? Ancelotti a prit le parti d’évoluer sans véritable milieu défensif dans son onze de départ : pour soutenir le trio offensif habituel composé de Benzema, Bale et Ronaldo, c’est un trident composé de Modric, James et Kroos qui est systématiquement aligné. Contre une équipe plus faible techniquement, Bâle par exemple, aucun soucis particulier : le Real a déroulé en s’appuyant sur sa technicité et son potentiel physique largement supérieur. Par contre, contre un club espagnol de niveau européen, l’affrontement est bien plus équilibré, en témoignent les deux défaites madrilènes contre la Sociedad et l’Atlético. Sur ces deux matchs, les hommes d’Ancelotti ont subi un gros pressing en milieu de terrain, sans jamais (ou presque) trouver la solution pour se sortir de l’étau dans lequel ils se trouvaient pris. Avec six joueurs à vocation offensive et une défense composée de joueurs qui aiment jouer très haut sur la pelouse (Marcelo, Ramos), une attaque bien placée peut rapidement se révéler être fatale pour une équipe totalement déséquilibrée. Modric est un pur meneur de jeu, et James Rodriguez n’a jamais été connu pour sa vocation défensive. Le plus enclin à rester en retrait pour assurer un rôle de numéro 6 devant la défense est donc Kroos, mais le boulot serait bien mieux assuré par un milieu défensif de métier. Qui reste-t-il alors ? En l’absence de Khedira, c’est bien simple. Le jeune Illarramendi est la solution la plus crédible. Recruté à prix d’or il y a plus d’un an, il peine pourtant à s’imposer. D’autant plus que le staff madrilène semble peu décidé à lui donner sa chance. Espérons alors que le Real développe une telle puissance de frappe que le déséquilibre du milieu de terrain soit vite oublié.
La saison de la confirmation
Comment faire mieux que la saison passée ? Comment se renouveler après un succès en Ligue des Champions ? Une nouvelle équipe de galactique est en train de naître. Le début de l’histoire est semé d’embûches, et le Real n’a déjà plus le choix en championnat. Avec six points de retard sur Barcelone en seulement trois journées, le club de la capitale doit se reprendre, et vite. Pour cela, il faudra trouver une véritable stabilité au milieu de terrain. Le retour de blessure de Khedira pourrait être une des clefs de cette réussite. Les blessures, justement, seront la principale peur du staff madrilène. Une absence de longue durée dans le secteur offensif pourrait être catastrophique selon le joueur touché. Si le poste d’avant-centre semble bien fourni avec Benzema, la recrue mancunienne Chicharito et le jeune espoir espagnol Jesé (pas encore totalement remis de sa grave blessure), les ailes sont plus fragiles. Qui pour suppléer Ronaldo ou Bale en cas de pépin ? Si Ancelotti parvient à trouver le bon tempo, la saison madrilène pourrait être encore plus belle que la précédente. Mais avec des si, on refait le monde.
Kevin N.